lundi 22 juillet 2013

De la jungle amazonienne à Bogota (en passant par le Venezuela)

Presque un an plus tard, je publie le chapitre final de mes aventures

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J'étais bien content de pouvoir reprendre la route avec un compagnon. Nous avons dû partir un peu à la hâte car Helmutt avait dû arracher la grille du stationnement où était entreposée sa moto, car le mec des clés n'arrivait pas et il ne voulait pas attendre plus longtemps. Je me marre encore à l'idée de se grand allemand, d'au moins 6 pieds 4, qui arrache la grille, tel un chevalier teutonique, pour atteindre sa monture.

Nous sommes sorti de la ville et son traffic pour prendre la route unique qui traverse l'amazone vers le Vénézuela. Nous avons traversé toute la journée différentes réserves d'indigènes où des pancartes nous rappelaient qu'il nous étaient interdit de s'arrêter, vous pouvez passer, mais laissez la jungle tranquille. Nous avons vu en bordure de route des indigènes marcher avec des arcs à flêches. Notez cependant qu'ils portaient des vêtements conventionnels, drôle de contraste.

Helmutt trouvait bien pénible de me suivre à seulement 110 km/h sur cette belle route lisse, lui qui "cruise" normalement à 150 km/h. Disons que les plus de 100 chevaux moteurs de différence entre nos deux motos y étaient pour beaucoup. Qu'à cela ne tienne, nous faisions tout de même une bonne équipe et les pauses étaient toujours bien aggrémentées de discussions intéressantes.


Les pauses repas se ressemblent, mais sont toujours fort appréciées.


Helmutt le chevalier teutonique.



Nous avons mis deux jours pour atteindre la frontière avec le Vénézuela. La route s'est vraiment détérioré dans les derniers kilomètres avant la frontière. J'étais un peu nerveux (plus que d'habitude) car le passage de la frontière comportait quelques risques. Premièrement, nous ne pouvions entrer avec de l'argent américain et les taux de changes sont un peu compliqués avec un taux officiel et un taux sur le marché noir. Deuxièmement, l'essence, pratiquement gratuite tellement elle est peu chère, ne peut être vendu aux étrangers à la frontières (mesure visant à enrayer le marché noir). Troisièmement, il se pouvait qu'on nous demande des preuves d'assurance à la frontière.

Toutes mes craintes se sont avérés fondées. Premièrement ils ne voulaient pas m'émettrent de permis temporaire d'importation pour ma moto car je ne pouvais leur produire une preuve d'assurance. Ils m'ont tout de même laissé entrer à condition que je revienne le lendemain après m'être procuré une assurance. Fait notable, il y avait un vendeur d'assurance pas loin du bureau de douane, installé dans une espèce de tente roulotte. Elle me demandait près de 300 $ pour assurer ma moto. Je capotais. J'ai décidé d'attendre le lendemain pour essayer un autres assureur. Pour l'argent on a caché des billets américains dans nos casques et nous avons échangés les billets (et acheter de l'essence) sur le marché noir, rien de plus facile, il vous court après (le marché noir). Petit mot sur l'essence au Venezuela, il est de la meilleure qualité et à 3 cents le litre, on rigole à chaque fois qu'on fait le plein.

Le lendemain j'ai été dans un différent bureau d'assurance qui m'a vendu une assurance pour un dixième du prix. après avoir complété les formalités douanières nous étions libres d'entrer au Vénézuela. Pays de Chavez et sa "garda nacional", réputé fouteur de trouble pour les locaux comme les voyageurs. La route que nous avons pris (la seule de toute façon) traversait un parc national tout à fait magnifique. Ce fût une journée de moto tout à fait magnifique, le Vénézuela m'a charmé instantannément. Nous avons passé plusieurs comtrôles de la garda nacional sans problèmes, à part leur attitude suffisante ils ne me semblaient pas si pire, certains étaient même quasiment sympathique.

Mon chargeur d'ordinateur ne fonctionant plus, je ne pouvais charger mon ordinateur et transférer une nouvelle mappe sur mon GPS. Nous n'avions même pas de vrai map, mais les routes plutôt rares nous permettaient de s'en tirer avec l'aide de maps rudimentaires et les confirmations des locaux. C'était une belle expérience de se débrouiller sans GPS, à l'ancienne avec une mappe qui se détériore tranquillement, tellement tu l'utilises.

Nous avons passé une première nuit dans une belle chambre bien abordable et bien confortable.

Le jour suivant nous avons continué notre poussé vers la Colombie. Nous avions tout deux comme objectif de simplement traverser le Vénézuela. Helmutt était, comme moi, un peu fatigué de voyager et il avait besoin de travailler sur sa moto en Colombie. Je dois avouer que c'était tout de même un peu domage, car c'est un pays magnifique. Cette journée là nous avons croisé un magnifique pont que vous pouvez voir en arrière plan sur cette photo.




Nous avons emprunté le pont et quelques 40 kilomètres plus loin nous nous sommes arrêtés pour manger. J'ai candidement demandé quand était la prochaien station d'essence et j'appris qu'il n'y en avait pas avant plus de 150 kilomètres. Nous étions bien surpris, car nous en avions vu plusieurs en chemin. Nous avons rebroussé chemin et emprunté le magnifique pont une deuxième fois. Après le pont, je ne voyais plus Helmutt dans mon rétroviseur. Je me suis rangé en bord de route et j'ai attendu. Finalement j'ai attendu fort longtemps et je commençais à m'inquiéter sérieusement lorsque je le vis apparaître. Il avait trouvé un mec à qui on pouvait acheter de l'essence. Le mec nous en a vendu de son camion au double du prix, ce qui s'avérait quand même moins que un dollar.



Après avoir refait le plein nous avons emrunté pour une troisiéme fois le magnifique pont. Cette soirée là nous nous sommes trouvé un hotel miteux dans une ville pas jolie.

Le lendemain nous avons déniché une mappe papier plus complète et avons emprunté une route que les locaux ne nous recommendaient pas. Il était difficile de faire le choix entre le chemin le plus court, mais qu'on nous assurait comme étant en mauvais état et le chemin le plus long qu'on nous garantissait en bonne état, une vrai autoroute. Nous avons opté pour le plus court et il était effectivement en très mauvais état. Nous avons zigzagué entre les trous (quand c'était possible) et la pluie s'est aussi mise de la partie. Il faut dire que depuis notre départ de Manaus il vait plus par intermittence, tous les jours. Cette journée là était particulièrement pluvieuse et j'étais trempé. C'était une dure journée que nous avons terminé un peu plus tôt que prévu dans une petite ville où nous étions bien content de s'arrêter pour se reposer un peu et sécher notre linge.

Un autre jour, un autre départ. Nous avons roulé une autres journée entière, avec encore un peu de pluie. Cette fois j'enfilai mon habit de pluie à temps. Nous avons arrêté dans une région un peu plus montagneuse, le commencement de la cordillière des andes, que je n'avais pas vu depuis quelques mois.

Petite pause collation proche de la frontière avec la Colombie  et rigolade avec la petite de la tenancière.



Après une bonne nuit, nous avons repris le chemin vers la Colombie. Nous avons atteint la frontière, mais avons dû passer la nuit à la frontière car le bureau des douanes était fermé, c'était un dimanche. Dans mon guide de voyage, à part les informations sur les moyens de transports, la seule information sur la ville était qu'étant un des plus importants passages entre le Vénezuela et la Colombie, c'était aussi un repère de contrebandier et à éviter. Le pire c'est que les douaniers avaient acceptés de nous laisser entrer à condition que nous choisissions un hotel proche de la frontière. Règle générale, et ceci peut s'appliquer à toute les frontières des pays d'amériques latine, plus tu es proches de la frontières plus tu es proches du trouble. On a pas eu de trouble, nous ne sommes sorti que pour le souper, mais nous avons bien vu que le coin n'étiat pas jojo. Notre restaurant, si on peut appeler ça un restaurant était niché entre deux bordels et nous avons pu voir une petite batailler de rue le temps que nous y étions. Disons que nous ne nous y sommes pas attardés (essayez de dire cette phrase à voix haute, moi je n'y arrive pas).

Le lendemain nous sommes passé à la douane. Ça s'est très bien passé, je leur ai dit que nous étions des collègues et se fût un passage fort sympathique, les douaniers étant, comme à peu près tous les Colombiens, très aimables. Sur cette photo vous me voyez en pleine conversation avec mon nouvel ami de la douane Colombienne.



La route repris nous avons monté dans les montagnes et j'ai retrouvé les hauteurs de la cordillière des andes. Avec les hauteurs venaient le froid et la pluie, le prix à payer pour regarder le monde d'en haut.

Avec les hauteurs s'ajoutent les couches.


Le plus long arrêt pour construction de tout mon périple, près d'une heure d'attente, mais le lieu était magique, complètement vert et dense de végétation.



Nous avons dû nous arrêter à mi-chemin de Bogota.

Après une autres nuitée bien méritée je me suis embarqué dans la dernière journée de voyage de ce long, long, long périple. Ce fût une journée extraordinaire. Les routes étaient fabuleuse, Helmutt et moi étions bien d'accord que c'était une excellente manière de conclure mon périple. J'ai conduis ma moto comme un champion, Helmutt était impressionné de me voir le rejoindre si rapidement. Les paysages étaient superbes et la journée ensoleillée.

Nous avons atteint Bogota, après un peu de tergiversations, nous avons trouvé un guest house vraiment sympa. J'ai retrouvé mon ami Dan avec qui j'avais voyagé en Amérique central, j'étais vraiment content de le retrouver, c'est un pote. Dan était maintenant installé à Bogota avec celle qui est maintenant sa femme et son ami Sam, Sam aussi c'est un pote. J'ai passé de bons moments avec eux à Bogota et avec les amis que je me suis fait à la guest house, mais mes pensées étaient déjà tournées vers mon pays. Je savais depuis que j'avais quitté Rio au Brésil qu'il était temps que je revienne chez moi. Ce que je sentais c'est que je pouvais traverser tous les pays du monde, mais que le chemin qui était le plus important était ici. Je savais que c'était un chemin encore plus difficile que tous ceux que j'avais traversé. C'est un chemin très personnel que je ne pourrais pas partager sur un blogue, mais qui, je le savais, me mènerait encore plus loin.

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Nous sommes au mois de juillet 2013, bientôt ça fera un an que je serai revenu de mon périple. Quand je suis revenu, j'ai mis cette expérience de côté, bien sûr j'en ai parlé, j'ai répondu aux questions, mais j'en suis, en quelques sortes, resté gêné. Je sentais que mon périple ne serait pas complété tant que je n'aurais pas fait un certain chemin ici aussi. Aujourd'hui je me sens à l'aube de grand changement dans ma vie, mais surtout j'ai l'impression d'être arrivé quelque part à l'intérieur de moi. Je crois que c'était ça ma destination finale.

Merci à tous ceux qui m'ont suivi, qui ont partagé la route avec moi et toutes ces personnes qui à travers les contrés que j'ai traversées ont ajouté de la beauté à mon voyage par leur bonté.